
De nombreux pays africains adoptent des lois interdisant l’usage des sacs plastiques qui polluent l’environnement. Les nouveaux sacs plastiques biodégradables pourraient être une fausse bonne solution.
Encore marché de niche, le sac plastique biodégradable arrive en force. Dans le monde, 500 milliards de sacs plastiques seraient consommés chaque année, selon l’association anglo-saxonne Reuse it. Rien que pour le Sénégal, le ministère de l’Environnement estime que cinq millions sont utilisés chaque jour dans le pays. L’interdiction des sacs plastiques fins à usage unique dans de nombreux pays, et notamment en Afrique, offre un boulevard aux alternatives dites des sacs biodégradables.
Mais au juste comment fabrique-t-on un sac plastique biodégradable ?
Il existe deux technologies. La première permet de produire des sacs à partir de matières végétales, l’amidon de maïs ou de pomme de terre. On les appelle aussi les sacs biosourcés. Premier écueil, le prix, environ 30 % de plus qu’un sac classique. Deuxième souci : il est difficile d’imaginer des champs à perte de vue de maïs ou de pommes de terre… pour produire des sacs. La limite d’une production à grande échelle de ces sacs biodégradables est donc la même que celle des biocarburants, dans la mesure où leur production concurrence celle des biens alimentaires.
La seconde technologie, dite « oxo-biodégradable », compte tenu de son prix plus avantageux, seulement 10 % de plus qu’un sac plastique est en passe de gagner de nombreuses parts de marché, notamment en Afrique. Ces sacs sont conçus à partir de matière plastique classique à laquelle on a rajouté un additif chimique. Incorporé au plastique, il permet de casser la chaîne moléculaire sous l’effet du soleil ou de la chaleur, entraînant une fragmentation en quelques mois. Enfin, toujours mieux que les centaines d’années pour un sachet classique. Le souci vient après. Selon les industriels, les particules de plastiques décomposées seraient complètement absorbées par les micro-organismes présents dans l’environnement. Selon Bruno Dewilde chercheur dans le laboratoire indépendant OWS en Belgique, dans une enquête de l’émission Envoyé spécial, tous les tests réalisés montrent qu’il reste des micro-plastiques dans le milieu… « De la poudre de plastique, on peut se demander si c’est mieux », s’interroge-t-il. D’ailleurs, ces sacs « oxo »-biodégradables sont interdits en Belgique et devraient l’être prochainement en France.
En Afrique, en revanche, les industriels spécialistes de l’oxo biodégradable, comme le Japonais P-Life, l’Américain EPI ou encore le Britannique Symphony Plastics sont en course pour prendre leur part de marché, estimé à 4 milliards d’euros, selon Jeune Afrique.