Burkina Faso : un savon pour lutter contre le palu

moustique
Anophèle, vecteur du paludisme. Photo: James Gathanu, USCDCP/Pixnio

Pour lutter contre la première cause de mortalité en Afrique, le paludisme, deux étudiants inventent un savon qui repousse les moustiques. Primé en 2013 à Berkeley, le projet suit un long cheminement, celui de l’innovation, de l’entrepreneuriat et du financement.

Un savon qui éloigne les moustiques, l’idée à germer dans le cerveau de deux étudiants africains, dans le cadre d’un projet lors de leurs études d’ingénieurs à l’Institut 2iE à Ouagadougou. Moctar Dembélé et Gérard Niyondiko, originaires du Burkina Faso et du Burundi, ont mis au point un savon anti-moustique à partir d’ingrédients naturels locaux (citronnelle, karité, et autres ingrédients tenus secrets).

Un produit santé du quotidien

Pour rappel, le paludisme, transmis par piqûre de moustique (type anophèle femelle), tue près de 450 000 personnes par an, surtout des enfants de moins de cinq ans. En méthode préventive, la moustiquaire imprégnée est vivement conseillée. Cependant, « la moustiquaire protège pendant le sommeil, mais elle tient chaud et les populations les plus vulnérables n’ont pas les moyens d’acheter des répulsifs pour toute la famille pour se protéger le reste du temps », souligne Gérard Niyondiko, c’est comme cela que nous avons eu l’idée du savon.

Baptisé, Faso Soap, ce savon produit localement et encore en cours de développement. Son action est double : l’odeur qu’il laisse sur la peau éloigne les moustiques, pendant près de six heures et l’un de ses composants tue les larves, empêchant donc l’insecte de se  multiplier. « En Afrique, tout le monde utilise du savon, même les plus pauvres », affirme Gérard Niyondiko au journal Le Monde. Facile à fabriquer, le Faso Soap ne coûterait pas cher (300 FCFA, soit 0,46 centime d’euros le pain). L’objectif est de le vendre au même prix qu’un savon normal. Les traitements restent couteux et surtout des résistances se développent. Le mieux étant d’éviter la contamination, l’utilisation d’un savon antipaludéen, de par son usage quotidien et son faible coût, offre de belles perspectives dans la lutte contre ce fléau.

La route reste longue. Le Faso Soap initié en 2012, a remporté en 2013 le concours de la « Global Social Venture Competition” à Berkeley qui récompense un projet d’entreprenariat social mené par des étudiants. Les voilà premiers vainqueurs non américains de cette compétition lancée depuis 1997. Un démarrage en fanfare, une belle médiatisation… Pourtant, par manque de fonds le projet peine à se concrétiser. Il ne rentre pas dans les cases, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme l’Unicef ne financent pas les petits entrepreneurs. Finalement, après un sommeil de deux ans, Gérard Niyondiko relance le projet, qui est hébergé dans un incubateur de la capitale burkinabè, la Fabrique. La nouvelle équipe se tourne vers le financement qui fonctionne bien pour les starts-up et les projets innovants : le crowdfunding.

Financement participatif

Entre avril et mai 2016, un appel au financement a été lancé sur le site de crowdfunfing Ulule pour financer la recherche et les tests du savon contre le paludisme.“Nous travaillons à sauver 100 000 personnes du paludisme d’ici fin 2018 en mettant un savon anti-moustique dans les mains des populations les plus vulnérables”, explique l’entreprise sociale Faso Soap. Le succès a dépassé les attentes, avec une levée de fonds    71 000 euros et des sponsors comme Etikea, Mapa Spontex, St Hubert et la Fondation ELI. Désormais, les tests d’efficacité et d’innocuité sont en cours de réalisation. Là encore, il faudra du temps et de la patience. Les essais sont réalisés en suivant un protocole scientifique strict pour que le savon soit homologué par l’Organisation mondiale de la santé. Le savon anti-paludisme devra franchir encore d’autres étapes.

 

Pour aller plus loin : Une vidéo réalisé par Check-in Films/2iE


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