Côte d’Ivoire : une grainothèque pour préserver la diversité

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La grainothèque, Photo Facebook/grainothèque

En lançant sa start-up La grainothèque, Daniel Oulaï, s’est fixé une mission : valoriser la biodiversité génétique africaine et documenter les savoirs et les pratiques agricoles endogènes.

En Côte d’Ivoire, Daniel Oulaï, a lancé la première grainothèque. Passionné par l’agro-écologie, ce jeune ivoirien a développé son entreprise sociale à Sangouiné, près de Man dans l’ouest du pays.

Tout commence en 2015, l’association Bibliothèque sans frontière lance un appel à candidature afin de sélectionner dix jeunes qui ont des idées pour repenser l’usage des bibliothèques sur le continent africain. Son projet est retenu : faire une place aux semences locales dans les rayons des livres de la bibliothèque municipale.

Des graines reproductibles…

Pour Daniel, il s’agit de préserver et de partager les semences traditionnelles locales mais aussi de former les jeunes agriculteurs à l’agro-écologie. De plus en plus de semences génétiquement modifiées (OGM), développées par des géants de l’agrochimie, sont commercialisées et utilisées en Afrique. Non reproductibles, elles rendent les paysans dépendants, réduisent la diversité des cultures et appauvrissent l’alimentation.

…contre les OGM

“Ces cinquante dernières années, l’Afrique a perdu 75% de ses espèces de plantes variétales”, insiste-t-il. Or, la Côte d’Ivoire a adopté, en juillet 2016, un projet de loi ouvrant la porte aux OGM sans grand débat. “Beaucoup d’agriculteurs sont illettrés et il n’existe pas d’organisations de consommateurs influentes dans notre pays, alors qu’il est important qu’ils aient le choix lorsqu’ils achètent de quoi se nourrir”, précise-t-il dans un article publié par les Observateurs .

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Parmi la trentaine de variétés de semences locales déjà dans les rayons de la grainothèque, certaines sont remarquables comme les graines de mucuna, une plante longtemps utilisée comme herbicide naturel, puisqu’elle peut étouffer toutes les autres plantes se trouvant autour d’elle, ou encore des semences de neem [ou margousier, NDLR] utilisé aussi comme fertilisant dans les potagers. D’autres sont aussi spécifiques, que les semences de jatropha, utilisé comme agrocarburant ou plus courantes comme les semences de piment, de maïs, ou de gombo.

Troc et formation

Les agriculteurs qui souhaitent se procurer des semences doivent apporter en échange une autre variété de semences afin d’enrichir la grainothèque. Et s’ils n’en ont pas, ils doivent faire l’effort de s’instruire sur place. Chaque semence est documentée.

L’accès aux semences traditionnelles est une première étape, mais la grainothèque va bien au delà. Elle propose de la documentation, des livres, des solutions techniques et des conseils, pour cultiver, lutter contre les ravageurs ainsi qu’une plateforme de connexion producteur-consommateur final.

“A à la différence des autres banque de semences dans le monde, la grainothèque offre aussi une large gamme de services et de prestations d’analyse de sol, de diagnostic de culture et de gestion des déchets”, explique-t-il.

Il insiste particulièrement sur la formation aux techniques de l’agro-écologie destinée aux jeunes agriculteurs. L’objectif est de montrer que l’on peut produire davantage sans produits chimiques.

Des outils numériques

image ggr

En juillet dernier, Daniel et son équipe ont lancé en test « Yiri Drôtô », une application mobile qui fournit une assistance technique aux paysans pour faire face aux ravageurs et maladies des plantes potagères en zone tropicale. L’application permet grâce à une photo de poser un diagnostic, d’identifier les maladies ou les parasites qui attaquent la plante, de détecter les carences nutritionnelles.

“Nous avons, à ce jour, besoin de ressources pour finaliser le développement et acquérir un serveur de grande capacité pour lancer cette solution qui va en effet révolutionner notre système agricole”, s’enthousiasme Daniel.

Depuis novembre dernier, la start-up est incubée chez Incub’Ivoir, ce qui lui permet de bénéficier d’une domiciliation, de formation et d’un réseau d’investisseurs, ce qui devrait lui permettre de continuer à se développer.

“Nous travaillons à mobiliser des ressources pour ouvrir de nombreux autres espaces Grainothèque à travers le pays pour éduquer les agriculteurs paysans à l’agriculture biologique et diffuser les innovations technologiques”. Après Sangouiné et Treichville (quartier d’Abidjan), à qui le tour ?

 

Pour aller plus loin :

Le pitch de Daniel Oulaï, CEO, La Grainothèque cliquer ici

Les ivoiriens qui inventent l’agriculture de demain Les Observateurs/France 24 vidéo


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