
Un collectif d’une vingtaine d’ONG dénoncent les promesses non tenues du groupe Socfin, grand exploitant de plantations de palmiers à huile et d’hévéa, en Afrique et au Cambodge, au détriment des communautés locales riveraines.
Des ONG repartent à la charge. En 2013, elles dénonçaient déjà les agissement de la société Socfin, groupe agro-industriel spécialisé dans les plantations de palmiers à huile et d’hévéa (caoutchouc). Aujourd’hui, le combat est toujours le même : soutenir les luttes et les revendications des communautés locales affectées par les activités du groupe notamment en Afrique mais aussi au Cambodge. A l’occasion de l’assemblée générale de Socfin (détenue à 38 % par Bolloré et 50 % par Fabri), qui s’est tenue au Luxembourg, le 30 mai 2018, un collectif d’ONG demandait des comptes.
« Malgré les dizaines de mobilisations locales et internationales, de courriers d’interpellation et de rapports documentant les nombreuses problématiques posées au regard du respect des droits des riverains, le groupe continue d’ignorer la majeure partie des problèmes et de refuser un dialogue avec les communautés pour résoudre les conflits », détaille le communiqué émanant d’un collectif d’une bonne vingtaine d’ONG et d’associations (dont Fian, Grain, Oxfam, Projet-Réact, Survie…)
Les problèmes soulevés par les communautés locales sont ceux classiques qui émergent autour des grandes plantations ou exploitations sur des terres ou le droit coutumier est prédominant : conflits fonciers, privation de ressources naturelles, rivières polluées, compensations dérisoires, conditions de travail précaires…
Pression foncière
Avec le temps, la pression foncière ne se relâche pas. Au contraire. « En effet, entre 2010 et 2017, les terres contrôlées par le groupe Socfin sont passées de 323 198 ha à 402 344 ha, soit une augmentation de 25 %, alors que les surfaces effectivement cultivées ont augmenté de 36% », souligne le communiqué.

Pour le collectif c’est aussi l’occasion de rappeler à Socfin son engagement pris fin 2016 de mener une « politique de gestion responsable » et l’attente des communautés locales qui ne constatent pas de réelles avancées sur le terrain. Au Cameroun, le bornage se fait dans des conditions opaques et sans représentant des communautés. En Sierra Leone, les paysans constatent que les projets sociaux menés depuis 2011 par Socfin ne compenseront jamais la perte des terres qui les faisaient vivre.
« Depuis qu’ils ont pris notre terre, nous n’avons plus les moyens de scolariser nos enfants et devons faire crédit pour acheter de quoi manger, se désole la communauté Taninahun dans le Chefferie de Malen » (Sierra Leone).
Poursuites judiciaires
Pour rappel. Les ONG qui accompagnent les communautés sont exposées aux menaces judiciaires du groupe Socfin qui n’hésitent pas à attaquer. « Une plainte pour diffamation est en cours contre Greenpeace, un autre procès intenté contre Sherpa et le ReAct, ainsi que Mediapart, perdu par Socfin en première instance, fait l’objet maintenant d’une procédure d’appel », détaille le communiqué. Et si on ajoute les plaintes déposées depuis 2009 par le groupe Bolloré sur les mêmes questions, on arrive à une vingtaine de poursuites, contre des ONG, des journalistes voire de petits blogeurs.