Pesticides : Public Eye épingle la Suisse

Paraquat Indonésie CC
Paraqua vendu en Indonésie. Photo CC/Flickr  Finnwatch ry

L’ONG suisse, Public Eye, s’insurge contre l’exportation de pesticides interdits vers des pays en développement dont le Cameroun.

De l’atrazine et du paraquat, deux herbicides produits par le géant suisse Syngenta, et dont l’usage est interdit sur le territoire helvète et dans l’Union européenne, sont exportés vers des pays en développement , selon des données confidentielles obtenues par Public Eye (le communiqué). L’ONG suisse demande « aux autorités de mettre fin à ce double standard et de respecter les engagements pris dans le cadre de la Convention de Bâle ».

Selon les documents obtenus, entre 2012 et 2016, quatre exportations de paraquat et treize d’atrazine ont été enregistrées depuis la Suisse. Les pays de destination sont l’Argentine, le Brésil, le Cameroun, la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Pérou et la Thaïlande. Si les expéditeurs sont masqués, « il ne fait aucun doute que Syngenta est concernée », commente l’ONG. Leader mondial des pesticides ($ 10 milliards de chiffre d’affaires en 2016), le géant bâlois domine les ventes de paraquat et d’atrazine (40 et 50 % de parts de marché). La valeur totale des exportations d’herbicides depuis la Suisse s’élevait à 180 millions de francs suisses (€ 165 millions) en 2016.

Pesticides toxiques

Le paraquat et l’atrazine font partie des pesticides les plus toxiques et ne peuvent en aucun cas être utilisés de manière sûre dans les pays en développement. Le paraquat cause chaque année des milliers d’empoisonnements. Il est lié à plusieurs maladies chroniques, dont la maladie de Parkinson. L’atrazine, perturbateur endocrinien, affecte le système reproducteur et augmente les risques de cancer. Bien souvent, les agriculteurs n’utilisent pas les protections nécessaires, non disponibles ou trop chères, voire trop contraignantes, dans des pays chauds et humides. Une étude réalisée en 2010 par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Burkina Faso (2010) a constaté que moins de 1 % des agriculteurs utilisent l’équipement de protection individuelle recommandé.

« Les pesticides sont à l’origine de quelque 200 000 décès par intoxication aiguë chaque année, dont 99 % surviennent dans les pays en développement, dénonce Public Eye, qui demande à la Suisse d’assumer ses responsabilités en interdisant l’exportation de paraquat, d’atrazine et de tout autres pesticides dangereux dont l’usage est interdit sur le sol helvétique ».

Public Eye a déposé une « interpellation parlementaire » sur ce sujet. Une action qui est aussi motivée par l’inquiétude du rachat de Syngenta par ChemChina qui renforcera encore la concentration sur le marché des pesticides et dans un contexte de méga-fusions annoncées dans le secteur de l’agrochimie avec les rapprochements Bayer/Monsanto et Dow/DuPont.

« À l’heure où la Suisse et la communauté internationale ambitionnent une transition vers des systèmes alimentaires et agricoles plus durables, cette tendance a de quoi inquiéter », souligne l’ONG.


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