Kofi Annan appelle à l’audace en termes d’énergie et de climat

Kofi Annan
Kofi Annan, président du think tank Africa Progress Panel

Dans la catégorie rapports, ceux du think tank de Kofi Annan, Africa Progress Panel, sont des pépites attendues. Le dernier, « Énergie, population, planète : saisir les opportunités énergétiques et climatiques de l’Afrique », dévoilé le 5 juin, ne déçoit pas. Il appelle les gouvernements africains, les investisseurs et les institutions financières internationales « à augmenter de manière significative leurs investissements dans le secteur énergétique de l’Afrique afin de libérer son potentiel de superpuissance en matière de faibles émissions de carbone ». L’objectif est de multiplier par dix la production actuelle d’énergie afin de garantir à tous les Africains l’accès à l’électricité d’ici 2030, ce qui réduirait la pauvreté et les inégalités. « Nous rejetons catégoriquement l’idée selon laquelle l’Afrique doit choisir entre la croissance économique et un développement à faible émission de carbone », a déclaré Kofi Annan, président de l’Africa Progress Panel et ex-secrétaire général de l’ONU. « L’Afrique doit utiliser tous ses atouts énergétiques à court terme, tout en construisant les fondations d’une infrastructure énergétique à faible émission de carbone et compétitive. » Des chiffres-chocs En Afrique subsaharienne, 621 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Or Afrique du Sud, la région utilise moins d’électricité que l’Espagne et un Tanzanien mettrait, en moyenne, huit ans pour consommer autant d’électricité qu’un Américain en un mois. La pénurie d’énergie ampute la croissance de la région de 2 à 4 % par an. Les plus pauvres payent aussi plus cher : environ 10 dollars/kWh pour l’éclairage, soit 20 fois plus que les ménages africains les plus riches. « Les technologies renouvelables à bas coût permettraient de réduire le prix de l’énergie, ce qui bénéficierait à des millions de foyers pauvres, créerait des opportunités d’investissement et réduirait les émissions de carbone », affirme le rapport qui encourage « les dirigeants africains à entreprendre une révolution énergétique ». Pour cela, il préconise, une utilisation du gaz naturel de la région, tout en mettant à profit le vaste potentiel inexploité de l’Afrique dans les énergies renouvelables, la lutte contre la corruption, et la réorientation des dépenses publiques vers les infrastructures énergétiques. « Ce rapport appelle également à un renforcement de la coopération internationale afin de combler le manque de financement dans le secteur énergétique de l’Afrique, estimé à 55 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 ». A l’instar de Jean-Louis Borloo, ancien ministre français de l’Ecologie, qui milite pour l’électrification du continent, Kofi Annan, en appel à la création d’un « fonds mondial de connectivité » visant à raccorder 600 millions d’Africains supplémentaires d’ici 2030 pour encourager l’investissement en matière de fourniture d’énergie en réseau et hors réseau. Climat A six mois de la conférence mondiale sur le climat (COP21), Kofi Annan met aussi les pieds dans le plat en demandant une réforme globale du système de financement climatique, qu’il juge fragmenté et doté de ressources insuffisantes. Le rapport préconise l’adoption d’un calendrier, par les pays du G20, afin de supprimer progressivement leurs subventions destinées aux combustibles fossiles. « De nombreux gouvernements de pays riches nous disent qu’ils veulent un accord sur le climat. Mais en même temps, des milliards de dollars tirés de l’argent des contribuables subventionnent la découverte de nouvelles réserves de charbon, de pétrole et de gaz », a déclaré M. Annan. Le changement climatique, le plus grand défi que connaît aujourd’hui l’humanité. En Afrique, des millions de personnes subissent déjà les conséquences du réchauffement climatique. « En refusant de prendre des risques et en attendant que d’autres fassent le premier pas, certains gouvernements jouent au poker avec la planète et la vie des générations futures. L’heure n’est pas aux faux-fuyants, aux intérêts personnels à court terme ni aux ambitions réduites, mais plutôt à un leadership mondial audacieux et à l’action décisive », a affirmé Kofi Annan.


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